Kanaky (Nouvelle-Calédonie) : La révolte se poursuit

Kanaky (Nouvelle-Calédonie) : La révolte se poursuit

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Retrouvez ici notre article précédent sur la situation en Kanaky (Nouvelle-Calédonie). Vous trouverez également ici un article du site d’information international Red Herald.

Plus d’une semaine après le début de la révolte kanak, l’État impérialiste français admet toujours ne pas contrôler une grande partie du territoire de Grande Terre (île principale de Kanaky). Ce 24 mai, l’aéroport international de Nouméa est d’ailleurs toujours fermé. La route reliant l’aéroport à la capitale a été reconquise par l’armée dimanche dernier, détruisant 76 barrages et arrêtant 200 Kanaks supplémentaires. Le ministre de l’Intérieur était fier de cette annonce, qui masque pourtant le fiasco total du contrôle sur le reste du territoire.

Les forces répressives n’arrivent pas à gérer la situation sur place, car les masses ne se plient pas à l’ordre colonial. Dès qu’un barrage est détruit, à Nouméa ou dans les terres, il est reconstruit dans les minutes/heures qui suivent. « On est obligés de remettre le barrage. Le mot d’ordre, il est là : la lutte continue ! » déclarent des révoltés kanaks aux journalistes, près de l’hôpital de Nouméa ce 23 mars. La Chambre du commerce et de l’industrie estime le coût des dégâts sur place à près d’un milliard d’euros, soit autant que la Grande révolte de juin dernier en métropole.

Le déplacement récent d’Emmanuel Macron, simple coup de communication pour rassurer les commentateurs politiques en métropole, n’a en rien calmé la révolte sur place. Le président français a manié les mots pour menacer les Kanaks, demandant la levée immédiate des barrages en ajoutant que la Kanaky (« Nouvelle-Calédonie ») n’est « pas le Far West ». Malgré 10 jours de soulèvements, Emmanuel Macron ne recule pas : le texte de réforme du corps électoral n’est ni retiré, ni suspendu, et la réunion du Congrès du Parlement à Versailles n’est pas annoncée comme reportée.

Cette attitude du président, qui appelle à « reprendre pas à pas chaque quartier », confirme la politique du « Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie » qui affirmait en début de semaine que « L’ordre républicain sera rétabli, quoi qu’il en coûte ». Ce qu’il en coûte, c’est un septième mort ce vendredi 24 mai, un kanak de 48 ans qui a été tué par un policier. Il y a donc aujourd’hui plusieurs centaines de blessés, et un bilan de 7 morts, dont une jeune Kanak de 17 ans.

L’ordre répressif colonial s’adapte facilement grâce à « l’État d’urgence » sur place, avec la présence de 3 000 forces de répression et 130 membres du GIGN et du Raid, avec blindés et des hélicoptères. Ces forces « légales » appuient des forces armées de milices de colons, qui patrouillent dans depuis les quartiers français (ou « caldoches ») et tentent des incursions et intimidations sur les barrages et dans les territoires kanaks, tuant 4 d’entre eux depuis le début du soulèvement.

« L’État d’urgence » permet à l’État français de suspendre un certain nombre de libertés publiques et notamment d’interpeller et de détenir arbitrairement des opposants. Cet état d’exception a été décrété pour la première fois durant les « troubles » de la guerre d’indépendance algérienne, puis au cours de la lutte armée kanak des années 1980. Plus récemment, il a permis de réprimer la Grande révolte des banlieues en 2005, au cœur même de la métropole. Depuis, un certain nombre de ses dispositions sont entrées dans le droit commun et permettent à l’État un large panel de répression sans y avoir recours. Pour la première fois, il a permis d’interdire un réseau social, ici Tiktok, utilisé massivement par la jeunesse kanak, interdit sur place depuis 10 jours, bien que l’État français ait d’abord envisager de couper internet dans l’archipel. Cette interdiction vient d’être validée par le Conseil d’État, instance de contrôle administratif.

En métropole, des rassemblements s’organisent également pour soutenir la juste lutte du peuple Kanak et dénoncer plus largement l’impérialisme français, notamment via les nombreux comités de soutien à la Palestine, qui ont fleuri depuis l’agression sioniste à Gaza en octobre dernier. Partout le mot d’ordre est le même : à bas l’impérialisme français, à bas la colonisation ! De Gaza à Nouméa, solidarité !

 

Quelques photos du soulèvement kanak et des barrages sur place :

Ici, des insurgés kanaks ont investi des maisons de membres de milices caldoches, et exhibent les armes qui se trouvent sur place :

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