Caen : Premier Trimestre de lutte pour Webhelp

Caen : Premier Trimestre de lutte pour Webhelp

Webhelp, aujourd’hui Concentrix, est une entreprise multi-nationale employant des téléconseillers qui font office de sous-traitant pour des monopoles impérialistes tels que Total ou EDF. À Caen, elle emploie plus de 900 travailleurs répartis sur deux sites. L’article suivant a été rédigé par un membre du comité de la Cause du Peuple de Caen, également salarié de WebHelp et syndiqué CGT.

Après 14 ans sans aucune négociation salariale, après l’indécence de la proposition du Directeur qui considérait qu’une trentaine d’euros en plus par mois suffirait à compenser la charge de travail, après la réaction outrée de nos collègues qui nous avaient sommés de rejeter cet accord, le 2 Avril l’intersyndicale et les employés de Webhelp Caen ont voté en assemblée générale la grève illimitée. Depuis, les jours sont devenus des semaines, puis des mois, à l’issue desquels nous pouvons compter nos heures de travail sur les doigts de la main.

Passé le seuil des deux mois de lutte le bilan était mitigé: d’un côté nous avons accumulé environ 14000 heures de grèves, soit l’équivalent de deux jours par employé de l’entreprise, ce qui signifie un impact financier fort et une pression palpable sur la production. Pourtant la CFDT a trahi le mouvement en allant même jusqu’à écrire sur un tract que les salariés n’avaient pas « les reins assez solides pour continuer la grève ». Et si la grève était suivie, avec des plateaux atteignant parfois plus de 40% de grévistes, la présence sur les piquets ne suivait pas et la direction ne lâchait toujours rien.

Il était temps de passer à l’étape suivante; ressusciter l’optimisme de la lutte et lui rendre sa visibilité. La décision a été prise de revenir aux méthodes qui avaient fait leurs preuves : piquets quotidiens et actions visibles sur le lieu de travail, pour faire face à un nouveau directeur investi uniquement dans la volonté de briser toute résistance.

Par le soutien de camarades révolutionnaires, c’est 10 mètres de banderoles qui ont été hissés devant le site Fresnel de l’entreprise, et plusieurs grandes affiches collés sur le parking du site de Colombelles. Nous pouvions y lire « WebHelp vous vole ! Grève illimitée ! Continuons le combat ! » La réponse a été immédiate : convocation dans l’heure des représentants syndicaux dans les bureaux de la direction, mais sans preuve de leur implication aucune action disciplinaire à la clef. L’appel a aussi été lancé à la solidarité avec notre lutte, avec promesse d’un retour d’ascenseur. C’est SUD Rail, SUD éducation, puis la CGT Énergie et CGT cheminots de Caen qui ont manifesté leur soutien syndical, pour constituer une caisse de grève et expliciter leur volonté de participer à des actions communes.

La relation la plus forte a été avec le comité de la Cause du Peuple de Caen et le Comité Palestine Hérouville, qui ont suivi l’intersyndicale depuis le premier jour de grève, et les soutient encore depuis. Pour leur présence sur chaque piquet lancé, et malgré la répression subie par les représentants syndicaux ayant ouvertement dénoncé le génocide du peuple palestinien, les syndicalistes de Webhelp ont tenu à afficher leur soutien avec Timothée Esprit sur leur piquet ainsi qu’à être présents à la fête célébrant la Journée de l’héroïsme le 19 Juin au quartier des Belles Portes d’Hérouville. Le syndicat à tout intérêt à reprendre des relations étroites avec les quartiers prolétaires. L’événement a été un succès politique fort et les participants syndicaux en sont sortis grandis et inspirés de nouveaux moyens de visibilité à infuser dans leur propre lutte.

À la date de rédaction de cet article la direction refuse encore de négocier les mesures d’augmentation de salaire avec les syndicats pour permettre une sortie de grève. La lutte continue, les piquets quotidiens et actions disruptives aussi malgré un renforcement de la surveillance sur les sites de production de l’entreprise. La communication sera le meilleur moyen de faire plier ce patronat pétri d’orgueil qui méprise ceux qui mettent leur force de travail au service du public, et qui l’enrichissent lui et ses actionnaires aux dépens de leur propre qualité de vie.

Nous comptons sur la Cause Du Peuple et ses lecteurs pour transmettre le récit de notre lutte et communiquer leur soutien, afin que chaque téléconseiller qui aime son travail puisse continuer de le faire dignement. Contre la montée de l’extrême droite et ses aspirations anti-syndicales, contre la voracité du capitalisme qui méprise la valeur du travail, on a raison de se révolter !

 

 

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