La LCP exalte la révolution agraire et appelle les ruraux à armer les groupes d’autodéfense dans une note sur la résistance de Corumbiara

La LCP exalte la révolution agraire et appelle les ruraux à armer les groupes d’autodéfense dans une note sur la résistance de Corumbiara

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Nous publions ici une traduction non officielle d’un article publié par le média brésilien A Nova Democracia le 15 août 2024.

Dans une déclaration à l’occasion du 29ème anniversaire de la Résistance armée des paysans de Corumbiara, la Ligue des paysans pauvres (LCP) a dénoncé les actions des groupes armés d’extrême droite contre les paysans, les indigènes et les restes de quilombos [NDLT : communautés d’esclaves africains en fuite] dans les campagnes brésiliennes.

Le mouvement a également retracé l’histoire de la lutte paysanne de ces dernières années et abordé les progrès de la révolution agraire, qui a vu d’importants développements de la lutte durant le gouvernement ultra-réactionnaire de Bolsonaro et des généraux.

En ce qui concerne la période actuelle, la LCP a déclaré que « nous sommes confrontés à un gouvernement de droite, en coalition avec des réactionnaires et des opportunistes de la fausse gauche qui se parent des couleurs de la lutte populaire, mais servent les latifundia, l’impérialisme, en particulier l’impérialisme yankee, et la grande bourgeoisie », et a souligné l’incapacité de Luiz Inácio à tenir ses promesses.

La LCP a souligné les crimes des latifundia tout au long des années 2023 et 2024. « Cette réalité n’a pas changé avec le changement de gouvernement. En 2023, un nouveau record macabre a été établi pour les conflits dans les campagnes brésiliennes. Cleide et “Fumaça”, partisans de la lutte pour la terre, ont été assassinés de façon barbare après avoir été torturés dans le sud de l’Amazonas. La dirigeante quilombola Mãe Bernadete a été assassinée par des hommes armés, alors qu’elle était sous la protection de la police fédérale et civile parce qu’elle avait prêté serment de mort aux latifundia, dans l’État de Bahia. En 2024, le leader indigène Nega Pataxó Hã Hã Hãe a été assassiné de sang-froid par l’héritier d’un colonel, qui a envahi la terre indigène de Caramuru-Catarina, également à Bahia, avec d’autres fascistes et une escorte armée, après avoir été informé par la police militaire que les indigènes n’étaient pas armés. Les forces paramilitaires des propriétaires terriens ont également envahi quatre terres du peuple Guarani-Kaiowá et ont abattu deux indigènes (Mato Grosso do Sul). »

En conclusion, le mouvement appelle une nouvelle fois les populations rurales à armer des groupes d’autodéfense pour répondre « dans les mêmes proportions et avec le même calibre » aux attaques des latifundia et des bandes armées.

Lire la note dans son intégralité :

Vive la résistance armée héroïque des paysans de Corumbiara !

Le 9 août 2024 marque le 29ème anniversaire de la résistance armée héroïque des paysans de Corumbiara. En 1995, les latifundia et le vieil État ont tenté de noyer la lutte paysanne dans le sang et de paralyser ainsi les saisies de terres dans la région et dans tout le pays. Cependant, les 600 familles qui campaient dans l’ancienne ferme de Santa Elina ont opposé une résistance armée héroïque à la répression sanglante, et ce qui devait être un massacre de plus s’est transformé en bataille.

Après que toutes les attaques des bandes armées aient été repoussées par les paysans, les propriétaires terriens ont fait pression sur le gouverneur de l’époque, Valdir Raupp (PMDB), pour qu’il mette en œuvre un plan de massacre, financé par les propriétaires terriens Antenor Duarte do Vale (un officier militaire à la retraite) et Hélio Pereira de Morais, ce dernier étant le propriétaire présumé de l’exploitation agricole.

Des troupes paramilitaires et des hommes armés recrutés dans les fermes de la région, portant des uniformes de police, ont commencé à attaquer le camp aux premières heures du 9 août. Après des heures de tirs, alors que les travailleurs n’avaient plus de munitions, les troupes paramilitaires meurtrières ont envahi le camp. Après s’être rendus, les paysans ont été humiliés, torturés et exécutés à bout portant, et la petite Vanessa, âgée de sept ans, a été tuée d’une balle dans le dos. Parmi d’innombrables autres bestialités, ils ont arrêté le jeune paysan Sérgio Rodrigues Gomes, l’ont emmené au siège de la ferme, l’ont torturé pendant des jours jusqu’à ce qu’ils le tuent et jettent son corps déchiqueté dans une rivière locale. Quelques jours plus tard, ils ont assassiné le camarade Manoel Ribeiro, ou Nelinho, un conseiller municipal de Corumbiara qui soutenait la lutte paysanne et les campeurs de la ferme.

Officiellement, 11 paysans ont été assassinés et deux policiers tués, mais plusieurs autres ont disparu depuis. Des centaines de personnes ont gardé des séquelles psychologiques et physiques et beaucoup sont décédées par la suite. Le terrorisme d’État n’a manqué de faire plus de morts que grâce à la résistance armée héroïque des paysans qui, même dans des conditions inégales, ont affronté héroïquement la police meurtrière du Rondônia et les tireurs armés jusqu’aux dents.

Les sinistres plans visant à terroriser les paysans et à mettre un terme à la lutte pour la terre ont été déjoués. La répression sanglante a suscité une énorme solidarité et a fait exploser la haine des masses, déclenchant une vague de nouvelles saisies de terres dans tout le pays. La résistance armée héroïque de Corumbiara a marqué un tournant dans la lutte pour la terre au Brésil et a été à l’origine d’un nouveau type de mouvement paysan dans le pays, qui a rompu avec la pratique opportuniste consistant à trahir le peuple. Depuis lors, les paysans ont de plus en plus pris conscience que seule la révolution agraire permet de fournir des terres aux pauvres dans les campagnes, et qu’il ne faut attendre des gouvernements successifs que tromperie, miettes et répression. C’est ainsi que d’innombrables zones paysannes ont été conquises dans le Rondônia et dans d’autres régions du pays, arrachées aux mains des latifundiaires voleurs de terres fédérales, découpées en petites parcelles et remises aux paysans pauvres sans terre ou avec peu de terre.

Après des luttes pour obtenir des compensations et des tentatives d’appropriation des terres de Santa Elina, en 2010, des centaines de familles dirigées par la LCP et le Codevise (Comité de Defesa das Vítimas de Santa Elina – Comité de défense des victimes de Santa Elina) ont repris la majeure partie de la ferme et l’ont conquise une fois pour toutes. Aujourd’hui, des milliers de paysans vivent et produisent sur des terres qui n’étaient autrefois que des pâturages, réalisant ainsi une partie du rêve des campeurs de 1995.

La révolution agraire a porté les coups les plus rudes au gouvernement militaire génocidaire de Bolsonaro et des généraux

La conquête de la terre est un chemin ardu, ça a toujours été le cas au Brésil, et ce depuis des siècles. Mais avec une direction consciemment forgée, la politisation, l’organisation et la combativité des masses et en appliquant la ligne de la révolution agraire, il est possible d’affronter et de vaincre les latifundia et leurs laquais et de conquérir la terre.

À l’occasion du 25ème anniversaire de la bataille de Santa Elina (en 2020), des centaines de paysans dirigés par la LCP se sont emparés du reste des terres de cette ferme (aujourd’hui appelée Nossa Senhora Aparecida) et ont créé le Campement Manoel Ribeiro. Les familles ont affronté et résisté avec les moyens dont elles disposaient et ont vaincu les sièges et les attaques quotidiennes des bandes armées du latifundia, composées de policiers et d’hommes armés, et ont vaincu le gigantesque appareil de guerre mobilisé par le gouverneur de Rondônia, le colonel Marcos Rocha, le patron du latifundia et de Bolsonaro.

Après avoir été repoussée pendant de nombreux mois, sans jamais parvenir à pénétrer dans la zone de Manoel Ribeiro, la police militaire a assiégé toute la région, bloqué les routes et les chemins, se livrant à toutes sortes d’exactions contre la population, et a encerclé le camp avec un énorme contingent de policiers, y compris des troupes de la Force de sécurité nationale, envoyées par le gouvernement fédéral. Lorsqu’ils ont envahi le camp pour mettre en œuvre leur plan d’arrestation, d’assassinat de dirigeants et d’un nouveau massacre de paysans, les policiers ont trouvé la zone vide et la banderole qui les hante tant : « Nous reviendrons plus forts et mieux préparés ! » La veille, les familles s’étaient retirées de manière organisée, sans être vues, au nez et à la barbe des paramilitaires lâches, infligeant une nouvelle défaite morale aux commandants de la troupe d’imbéciles et de massacreurs de pauvres gens désarmés et aux crapules de politiciens qui les dirigent. Tout comme nous avons tenu notre promesse depuis août 1995 de conquérir la majeure partie des terres de Santa Elina, il est certain que nous reviendrons plus forts et plus préparés pour conquérir le reste de ces terres arrosées de sang paysan et indigène, le plus tôt possible !

Un autre coup dur porté au gouvernement militaire génocidaire de Bolsonaro et des généraux a été porté par les résidents de la zone Tiago Campim dos Santos à Porto Velho. Au cours d’une journée de luttes dures et sanglantes, des milliers de paysans ont affronté avec combativité toutes sortes d’attaques d’hommes de main, de groupes paramilitaires et de différentes forces de police dans le cadre d’opérations gigantesques. Bien qu’elles aient payé un lourd tribut avec l’arrestation et la mort de camarades, les masses paysannes de cette région et des régions avoisinantes ont résisté à toutes les attaques, porté des coups sévères aux latifundia et au vieil État et remporté de nombreuses victoires, en particulier la conquête des terres qui restent en possession des travailleurs.

Seule la lutte populaire peut vaincre le coup d’État de Bolsonaro

Sous la mauvaise gouvernance des généraux et de Bolsonaro, les latifundia ont lancé une nouvelle offensive contre la lutte pour la terre – plus armée, plus organisée, plus violente et plus éhontée. L’ancien « trafic d’armes » a été officialisé en tant que politique d’État, désormais couverte par des sociétés de sécurité, toutes commandées par des chefs ex-militaires ou ex-paramilitaires, qui ne font face qu’au peuple protégé par le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif et l’appareil colossal des forces armées et de la police réactionnaire. Cette force paramilitaire est rejointe par des propriétaires terriens, des hommes armés et des tueurs à gage, lourdement armés, souvent cagoulés, mobilisés par les réseaux sociaux, qui arrivent dans les camps et les zones aux côtés de la police pour expulser, arrêter et assassiner les paysans.

Cette réalité n’a pas changé avec le changement de gouvernement. En 2023, un nouveau record macabre a été établi pour les conflits dans les campagnes brésiliennes. Cleide et “Fumaça”, partisans de la lutte pour la terre, ont été assassinés de façon barbare après avoir été torturés dans le sud de l’Amazonas. La dirigeante quilombola Mãe Bernadete a été assassinée par des hommes armés, alors qu’elle était sous la protection de la police fédérale et civile parce qu’elle avait prêté serment de mort aux latifundia, dans l’État de Bahia. En 2024, le leader indigène Nega Pataxó Hã Hã Hãe a été assassiné de sang-froid par l’héritier d’un colonel, qui a envahi la terre indigène de Caramuru-Catarina, également à Bahia, avec d’autres fascistes et une escorte armée, après avoir été informé par la police militaire que les indigènes n’étaient pas armés. Les forces paramilitaires des propriétaires terriens ont également envahi quatre terres du peuple Guarani-Kaiowá et ont abattu deux indigènes (Mato Grosso do Sul).

Nous sommes confrontés à un gouvernement de droite, en coalition avec des réactionnaires et des opportunistes de la fausse gauche qui se parent des couleurs de la lutte populaire, mais servent les latifundia, l’impérialisme, en particulier l’impérialisme yankee, et la grande bourgeoisie. Luiz Inácio n’a tenu aucune des promesses de campagne importantes faites à la base du mouvement populaire : la réforme agraire, l’abrogation du nouveau lycée, la restitution des droits du travail perdus, la fin du blocage fiscal, le rétablissement de l’enseignement supérieur, rien !

Le président actuel maintient le système indécent de privilèges pour les latifundia : ils ne paient pas d’impôts à l’exportation, ils ne paient pas l’INSS [NDLT : système de sécurité sociale au Brésil], ils ne paient pas de dettes bancaires, ils reçoivent des tracteurs du budget secret et le plus grand Plan de Récolte de l’histoire du pays ! Et ils continuent d’exploiter une main-d’œuvre bon marché ou esclave. Bolsonaro est parti, mais la domination semi-coloniale du pays, qui nous condamne depuis des siècles à n’être qu’un simple fournisseur de matières premières bon marché pour les puissances étrangères, reste inchangée. Le latifundium est le cancer du Brésil, le fondement pourri du système d’oppression et d’exploitation de notre peuple, d’une crise politique, économique, sociale, morale et maintenant militaire sans fin.

La fausse gauche se concilie encore avec le haut commandement des forces armées réactionnaires. Les généraux, sous la baguette des Yankees, dirigent leurs troupes vers une intervention militaire, étape par étape, par la voie institutionnelle, en utilisant un Bolsonariste de droite, propriétaire terrien et chef des forces de police, comme Tarcísio, qui est plus « modéré » et contrôlable que Bolsonaro.

Nous ne devons jamais oublier que le coup d’État se développe à mesure que la fausse gauche se démoralise en se conciliant avec les généraux et en ne tenant pas ses promesses de garantir les droits du peuple.

Gare au retour de bâton !

Nous n’avons rien à attendre de ce vieil État en faveur du peuple. Tous les commanditaires et exécutants des crimes d’août 1995 et des différents massacres de paysans restent impunis. Les lâches assassins du BOPE qui ont pris la vie de nos camarades Gedeon, Rafael, Amarildo, Amaral, Kevin, Rodrigo, Raniel et tant d’autres restent impunis. Mais n’oubliez pas, messieurs, nous calculons l’addition et vous la paierez cher ! Comme le dit une de nos chansons : « Celui qui ordonne de tuer doit aussi mourir ! »

Il y a eu une énorme vague de mobilisation paysanne avec des manifestations, des saisies de terres, des occupations des sièges des anciennes institutions de l’État, des luttes pour obtenir des titres de propriété pour les squatters et même un tribunal populaire contre l’accaparement des terres et les crimes des latifundia.

Depuis la glorieuse et héroïque résistance paysanne de Corumbiara en 1995, les paysans brésiliens ont découvert l’alliance ouvrière et paysanne et la révolution agraire dans le sang, et c’est ce que le latifundia, tel un géant aux pieds d’argile, craint ! Ce qui hante et terrifie le latifundia, c’est qu’il sait que tous ces privilèges et cette force dont il se targue sont en réalité sa plus grande faiblesse, car son empire repose sur le sang monstrueux, lâche et séculaire de millions de pauvres.

Plus que jamais, l’exemple de la résistance armée héroïque des paysans de Corumbiara et de tant d’autres régions où les travailleurs suivent la voie de la révolution agraire, seule voie possible pour détruire les latifundia et donner la terre à ceux qui la travaillent, reste d’actualité, jetant ainsi les bases pour balayer la domination séculaire du système foncier, démocratiser la propriété foncière, conduire notre pays vers une Nouvelle Démocratie, unir les travailleurs des campagnes et des villes, et créer un Nouveau Brésil, où le peuple peut réellement gouverner, garantir ses droits et ses aspirations et instaurer une véritable justice !

Comme l’a dit la Commission nationale de la LCP : « Notre lutte est juste, notre cause est sacrée ! Nous appelons et exhortons les paysans à armer les organisations d’autodéfense de la lutte pour la terre dans les mêmes proportions et avec le même calibre ! Nous appelons les dirigeants paysans qui n’ont pas plié le genou, les dirigeants des squatters, les peuples indigènes, les organisations de quilombolas, les populations affectées par les barrages, les mines et les plantations d’eucalyptus, les masses prolétariennes et autres travailleurs des villes, qui luttent de plus en plus pour défendre leurs droits bafoués, à serrer les rangs avec notre courageuse paysannerie, sur la voie de la révolution agraire. »

Honneur et gloire éternels aux héros de la résistance paysanne armée de Corumbiara !

Honneur et gloire éternels aux héros du peuple brésilien qui ont versé leur sang dans la lutte pour la révolution agraire !

Conquérir la terre ! Mort aux latifundia ! Vive la révolution agraire !

LCP – Ligue des paysans pauvres de Rondônia et d’Amazonie occidentale

Août 2024

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